Monday, May 5, 2008, 13:10
Posted by Administrator
La route vers la Cappadoce nous offre un dépaysement grandissant à chaque kilomètre. Depuis notre traversée du Bosphore, nous avons le sentiment d’avoir passé un cap dans notre voyage. Les nombreux repères que nous avions dans notre vagabondage en Europe se raréfient. Quel bonheur! Nous voilà enfin plongés dans l’esprit du voyage tel que nous l’attendions, où l’exotisme surprend, émerveille, scandalise, attendrit, nourrit notre imagination et nous remet sans cesse en question.
Notre premier village turc :
Le 8 avril 2008:
Pour la première fois, nous avons écouté de la musique presque toute la journée. Nos mp3 récemment acquis nous permettent d’apprécier différemment le voyage et de nous retrouver un peu seuls. Petit à petit, nous apprenons à gérer notre situation de "couple". Je crois que nous nous en sortons vraiment pas mal pour l’instant.
La journée est estivale. Nous évoluons sur une route très vallonnée pendant 90km. Romain se sert de son nez pour trouver un "bon village" (= avec des gens sympas) pour la nuit. Dès notre arrivée au "salon de thé", les anciens du village s’approchent peu à peu de nous. Les enfants (une vingtaine) qui jouaient dans la rue s’agglutinent peu à peu autour de notre table après que les adultes aient fait la police pour les écarter du quadricycle,
Nous expliquons que nous souhaitons planter la tente et le conseil des anciens nous propose le terrain au-dessus de l’école primaire. Pour canaliser l’énergie débordante des enfants, nous leur faisons pousser le cycle en haut du chemin menant à l’école. Une belle pagaille qui nous fait bien rire. Ensuite, Romain lance une partie de basket pour occuper les enfants pendant que les adultes restent avec moi pour faciliter notre installation.
Appelés par des villageois, deux journalistes (tv et presse) viennent nous interviewer. Personne ne parlant un mot de français ni d’anglais, nous écrivons la base d’un article en anglais sur le PC d’un des journalistes, que ce dernier fera traduire en rentrant à son bureau.
Nous camperons finalement en haut de la colline surplombant la vallée, un endroit magique où nous faisons un feu digne d’un vieux trappeur.
Le 9 avril 2008 :
Alors que nous redescendons le chemin menant à la route principale, une jeune fille nous arrête pour nous offrir quelques mezzés pour notre petit déjeuner. Une journée qui semble bien commencer !
Mais elle débute surtout par une montée de 25 km, pas vraiment agréable quand les muscles sont froids. Mais très vite notre moral remonte lorsqu’un automobiliste fait demi-tour en nous voyant, pour nous offrir une boite de Loukoum aux noisettes. Délicieux !
Le moral baisse un peu à midi après avoir mangé des boulettes de viande qui sentaient tout sauf la viande : le goût a du mal à passer ! Mais nous ne tardons pas à retrouver le sourire lorsque nous voyons un automobiliste s’arrêter dans une montée et descendre de sa voiture pour nous applaudir. Les Turcs sont tellement généreux : nous n’avons toujours pas fait le tour de leur accueil légendaire !
Avec le vent de face et les nombreuses montées, nous avançons comme des tortues et ne tardons pas à tomber en rade d’assistance électrique après seulement 65 km. Alors que nous affrontons une montée de plusieurs kilomètres à l’allure incroyable de 7-8 km/h, un scooter s’arrête pour nous proposer de nous tirer. Un peu vexés mais pragmatiques, nous acceptons. Romain monte sur le scooter et "roulez jeunesse". Je reste aux commandes et me concentre pour rouler droit et ne pas déstabiliser le scooter. Nous roulons les 10 derniers km de notre étape à une allure de 40-50 km/h. Une première en scooter pour NOCO2. Une certaine culpabilité de notre côté...
Le 11 Avril 2008 : essai de la voile de traction
Apres une nuit de bivouac dans un champ joliment parsemé de perles de biques, nous nous levons sous le soleil. Le vent souffle bien et nous profitons du terrain dégagé pour lancer pour la première fois notre voile dans les airs. Belles sensations ! Ca ne s’appelle pas une voile de traction pour rien !
Restons propres :
Le soir, après une étape de 90 km, nous arrivons à Yunak, petite ville de la plaine de quelques milliers d’habitants. Nous en profitons pour découvrir le vrai de vrai hammam turc. Nous prenons l’option lavage : comprendre un homme qui vous couvre de mousse et vous gratte les peaux mortes avec un gant de crin avant de vous mettre une grosse claque dans le dos pour vous stimuler. Un bon souvenir, mis à part l’hygiène un peu limite qui se rapproche de celle d’une prison de Corée du Nord.
Dans la foulée de notre démarche esthétique, nous allons chez le coiffeur. La prestation se rapproche quasi à l’identique de celle que nous avons en France, mis à part 3 points :
- le coiffeur garde la cigarette à la bouche pendant la coupe,
- Le coiffeur vous coupe les poils du nez à la tondeuse,
- Le coiffeur vous brule les poils des oreilles avec la flamme d’un énorme coton tige imbibé d’alcool à 90°.
Samedi 12 Avril 2008
Nous contournons, depuis déjà une centaine de kilomètres, un lac salé sur une route plate au paysage désertique. Il fait très chaud et pour mettre un peu de piment, nous décidons de couper par un chemin en terre. Très vite, les fourches se multiplient sans indiquer de direction. Un berger nous sauve de notre perdition en nous indiquant d’un geste large l’azimut à prendre.
Nous retrouvons finalement la route et passons un premier village où un groupe d’anciens nous fait de grands signes pour nous arrêter. Devant tant d’enthousiasme, nous décidons de passer la nuit ici. Ils nous embrassent chaleureusement et l’un d’entre eux nous tire par la main dans le jardin de sa maison. La mère apporte des verres de lait caillé que nous devons boire cul sec pour faire honneur. Les autres habitants du village ne tardent pas à venir satisfaire leur curiosité et à venir former un grand cercle. Un garçon de 10 ans très sérieux, tenant un dictionnaire d’anglais à la main, nous sert d’interprète.
Notre appareil photo les excite beaucoup et certains insistent pour se faire tirer le portrait. Notre hôte (Ahmet) choisit quant à lui de se faire prendre en photo devant la peau du renard que son chien a chassé quelques jours auparavant.
Nous sommes invités à dormir et à dîner. Nous acceptons avec plaisir l’invitation à dîner et négocions de planter la tente dans le jardin pour ne pas trop déranger. Ahmet accepte mais insiste pour que son fils veille le bivouac toute la nuit.
Nous dînons, confortablement assis sur des coussins, piochant à la fourchette dans le plateau apporté par sa fille (nous tombons sous son charme !). Le fils dîne avec nous et trouve amusant d’amener à la fin du repas un agneau dans la maison. Devant notre amusement, il court chercher un chevreau et le salon se transforme en bergerie pendant un court instant. Romain rigole bien en voyant ce que m’a laissé l’agneau émotif sur ma chemise...
15 Avril 2008 : arrivée au centre de la Cappadoce, un paysage époustouflant !
Nous quittons tôt la ville d Aksaray. Nous avons hâte de découvrir les paysages de Cappadoce et voulons profiter de la relative fraicheur matinale pour pédaler. Le vent dans le dos nous donne l’impression d’être poussés vers cette région mythique. Les collines pelées offrent un paysage lunaire. Nous nous arrêtons pour le déjeuner dans les vignes, à l’ombre d’un olivier. La Cappadoce est une des seules régions turques à produire son vin.
A quelques kilomètres de Goreme, centre reconnu de la région, nous rencontrons Nicolas, un autre cycliste voyageur. Avec lui, nous nous enfonçons brusquement dans la vallée de Goreme et découvrons soudainement un paysage quasi fantastique (ce n’est pas pour rien qu’un Star Wars a été en partie tourné dans la région). Epoustouflant ! Avec le désert d’Uyuni en Bolivie, je crois n’avoir encore rien vu d’aussi magique.
Nous prenons nos quartiers dans un hôtel en travaux où les chambres sont des grottes millénaires taillées par l’homme. Nous nous mettons très vite à la recherche de silex pour tailler nos gourdins.
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Benoit